Mixité suprême

Les conseils d’administration des grandes sociétés suisses restent des clubs largement masculins. AC-TARES y voit deux inconvénients: l’actionnariat n’est pas représenté convenablement et l’angle de vision demeure trop restreint.

Lors de chaque nouvelle élection dans un conseil d’administration (CA), ACTARES examine l’impact des propositions soumises aux actionnaires sur le rapport entre femmes et hommes. Si aucune amélioration n’est apportée sur ce plan, les candidatures du sexe surreprésenté sont refusées.

Par exemple, Holcim a présenté ce printemps le Professeur Wolfgang Reitzle en remplacement de Wolfgang Schürer. ACTARES s’est opposée à cette nomination, qui laisse à 8,4  % la proportion de femmes dans le CA, soit une sur douze.

Mixité et diversité

La mission première d’un CA est de défendre les intérêts des actionnaires qui l’élisent et qu’il représente. Par conséquent, la diversité en son sein est une nécessité, dont l’équilibre entre hommes et femmes n’est pas le seul indicateur. On pourrait analyser les classes d’âge, la provenance géographique, la formation, les expériences et les compétences. Pourtant, lorsque d’entrée de jeu la moitié de l’humanité n’y est représentée que marginalement, c’est le critère principal qui n’est pas rempli. C’est pourquoi ACTARES se concentre sur cette thématique.

Les objectifs d’ACTARES

La gestion d’une entreprise peut demander une certaine souplesse et une dose de pragmatisme. Par genre, ACTARES admet une fluctuation importante, soit entre un tiers et deux tiers, mais exige un minimum de trois personnes. Ce nombre minimal est important pour éviter de réduire les personnes du groupe minoritaire au rôle de porte-parole ou pire, d’alibi, et donc pour leur permettre de valoriser leurs compétences personnelles.

Sensibilité et anticipation

Il n’y a pas que le sens de la justice qui plaide pour des conseils d’administration à la composition diver-sifiée. La multiplication des sensibilités et des expériences doit améliorer et consolider la vision à 360 degrés de l’organe suprême de l’entreprise. Sa capacité d’anticipation passe par la confrontation de points de vue différents afin d’éviter les erreurs stratégiques lourdes de conséquences, les prises de risques inconsidérées qui ont marqué ces dernières années.

Des décisions mûrement réfléchies nécessitent peut-être de remettre en cause une routine et un confort de fonctionnement. Mais on ne se fait pas élire dans un conseil d’administration pour avoir une tâche confortable.


Quel «genre» de performance?

La présence de femmes à la tête des entreprises a-t-elle une influence positive sur leurs résultats? C’est en tout cas ce que met évidence le fonds de placement «Valeurs féminines» de la société française Conseil Plus Gestion. Depuis sa création en 2005, il s’est apprécié de presque 10 %, tandis que son indice de référence, l’Eurostoxx 50, abandonnait plus de 30 % de sa valeur.

Sous le titre «Gender Diversity and the Impact on Corporate Performance», Credit Suisse a publié cet été une étude dont les conclusions interpellent: sur les six dernières années, le cours boursier des entreprises comprenant au moins une femme au sein du conseil d’administration dépasse de 26  % celui des sociétés n’en comptant aucune. La situation qui prévaut en Norvège, où un quota de 40 % pour chaque sexe est en vigueur pour les conseils d’administration depuis 2003 donne quant à elle lieu à des études aux conclusions contradictoires.