L’omertà se fissure autour de la politique

La troisième enquête d’ACTARES au sujet du financement de la politique par les grandes entreprises lève un coin du voile. Les banques sont devenues un peu plus transparentes, mais de grandes zones d’ombre subsistent. Et des dysfonctionnements inquiétants apparaissent ici ou là.

ACTARES s’est adressée aux vingt sociétés du Swiss Market Index (SMI) pour savoir quelles ont été leurs contributions à des partis ou des objets de votations politiques en 2011 et 2012. Cette enquête fait suite à celles portant sur les années 2007 et 2010. Elle est riche d’enseignements. Auprès de certaines entreprises, la transparence est en net progrès, alors que d’autres ne se donnent même pas la peine de répondre à leurs actionnaires – ou en sont incapables.

Lumière et ombres
Est-ce le vent du boulet ressenti lors du sauvetage d’UBS qui a poussé les grandes banques à plus de transparence? Toujours est-il que les destinataires de leur soutien, les critères appliqués et les sommes en jeu sont nettement mieux connues. Les autres sociétés pratiquent encore l’écran de fumée plus ou moins dense. Swiss Re et Holcim livrent des indications partielles et les réponses de Nestlé, Roche, Givaudan et Syngenta sont si vagues qu’elles ne sont pas concluantes.

Et les campagnes?
En ce qui concerne les contributions aux campagnes politiques et aux grands lobbys, seule Julius Bär a levé le voile; pour les autres sociétés, le tabou n’est pas tombé. Or, les sommes investies par economiesuisse contre l’initiative Minder démontrent l’importance politique de ce type d’organisations.

Silences inquiétants
Si huit sociétés affirment s’abstenir de tout engagement politique, trois réponses manquent. Actelion et Richemont n’ont pas jugé utile de répondre à leurs actionnaires, pas même un accusé de réception. Le cas de Novartis prête dans un premier temps à sourire: après le départ de Daniel Vasella et avant la prise de fonction de son successeur Jörg Reinhardt, personne n’était officiellement en mesure de donner suite à la lettre d’ACTARES. Est-ce pour cela que le Conseil d’administration touche des millions de francs? On ose à peine imaginer comment il aurait pu affronter une vraie crise. ACTARES prend note des progrès et continue à exiger la transparence.

Communiqué d’ACTARES


L’essentiel en résumé

  • 17 des 20 firmes du SMI ont répondu.
  • Manquent: Actelion, Novartis et Richemont
  • Sept sont actives sur le plan politique, huit s’en abstiennent.
  • La finance est le secteur le plus transparent; chimie et pharmas sont à la traîne.
  • Montants versés aux partis politiques: de quelques dizaines de milliers jusqu’à un million de francs par an.
  • Montants à des associations ou pour des campagnes: seule une entreprise donne des détails.
  • Directives pour des financements politiques: presque toutes les entreprises en ont, la moitié d’entre elles les rend publiques.
  • Une seule entreprise souhaite une réglementation par la loi.