Editorial: Quelle culture du dialogue dans les entreprises suisses?

"Il est souvent difficile d'être ouvert et constructif, lorsque l'on fait l'objet de continuelles attaques" soupirait Daniel Vasella alors que des membres de Greenpeace à l'entrée de l'assemblée générale de Novartis étaient en train de découper une tourte géante,symbole des décharges chimiques du groupe et que des actionnaires à l'intérieur de la salle exigeaient que soient assainies immédiatement les décharges chimiques de la région bâloise.

Toutefois, affronter la critique relève aujourd'hui, de manière incontournable, des tâches et devoirs des équipes dirigeantes de grosses entreprises. Les interventions faites durant les assemblées générales 2004 par les membres d'ACTARES ont été très instructives sur le degrés de culture du dialogue dans les entreprises suisses. Parmi l'expérience la plus négative, relevons celle de l'assemblée générale de Nestlé.

Cette assemblée a été un exemple de mauvais dialogue avec les parties prenantes de l’entreprise. Ainsi Nestlé n'a pas laissé la représentante de l'association pour la défense de l'alimentation infantile, IBFAN (International Baby-Food Action Network) reprendre la parole après avoir reçu une réponse incomplète de la direction à la suite de son intervention. Prétexte donné: "l'assemblée énérale n'est pas un club de débats mais une assemblée d'actionnaires". De même, le représentant du Groupe de travail Suisse-Colombie (Arbeitsgruppe Schweiz-Kolumbien) n'a pas été autorisé à résumer en allemand l'exposé en espagnol d'un représentant syndical colombien. Le ton général à l'encontre des autres représentants d'associations ou de syndicats était en général cassant et agressif.

Toute différent a été l'attitude des autres entreprises où ACTARES est intervenue et de Novartis en particulier. Bien que la question des décharges chimiques de la firme fasse actuellement une mauvaise publicité à l'entreprise et que, lors des dernières semaines avant l'assemblée générale, elle ait subi de nombreuses critiques de comités d'habitants et d'organisations non gouvernementales, le ton lors de l'assemblée générale s'est efforcé d'être aimable et conciliant. La direction a fait part de son point de vue sur le problème sans agressivité. Cela n'implique pas forcément une solution au problème mais cette manière d'être offre une bonne base pour poursuivre les discussions de façon constructive et évite que chacun ne campe sur ses positions.