Transparence environnementale et sociale Quels liens avec le gouvernement d’entreprise ?

La Fondation Ethos a fait paraître cet automne une étude comparative intitulée « Les sociétés suisses à l’épreuve du gouvernement d’entreprise ». L’étude a retenu les 100 plus grandes entreprises suisses et les a classées en quatre catégories selon deux critères (voir encadré). Il nous a paru intéressant de re-situer les entreprises avec lesquelles ACTARES a eu des contacts dans ce tableau (voir encadré sur nos critères de sélection). Les entreprises les plus transparentes et les plus pointues en matière de gouvernement d’entreprise le sont-elles aussi pour les questions sociales et environnementales ?

Parmi les mieux classées de la catégorie « leaders » figurent Credit Suisse Group, Novartis, Swiss Re, UBS, Unaxis, Vögele et Zurich Financial Service. Nous nous étions adressés aux quatre premiers pour leur demander la publication de rapports sociaux et rapports de durabilité. UBS a publié un rapport social en novembre 2000, CSGroup et Swiss Re un rapport de durabilité en 2002. Dans le classement effectué par ACTARES (étude comparée des rapports sur le développement durable de six grands groupes suisses conformément aux lignes directrices de la Global Reporting Initiative, ACTARES, mars 2003) CSGroup avait obtenu la deuxième place du classement, Novartis la quatrième et Swiss Re la cinquième. Credit Suisse, Swiss Re et UBS font partie des cinq entreprises sur trente qui ont répondu à notre enquête sur l’égalité entre femmes et hommes. Unaxis et Zurich FS n’y ont pas répondu mais ont justifié leurs réponses négatives. Swiss Re fait partie des sociétés d’assurance qui investissent le plus de fonds selon des critères de durabilité (mais seulement 0,3 % de ses fonds), Zurich FS nous a répondu mais sans préciser si des critères étaient pris en compte ou non. Des contacts sont menés avec Vögele.

Tout aussi bien classées en terme de transparence mais un peu moins bonnes en terme du respect des règles de gouvernement d’entreprise figurent : Adecco, Bâloise, Clariant, Holcim, Nestlé, Saurer, SIG, Swisscom. Holcim et Nestlé occupent respectivement les 3ème et 5ème places de notre classement dans l’analyse des rapports de durabilité. Clariant avait refusé notre demande de publication d’un rapport environnemental mais a répondu à notre questionnaire sur l’égalité des chances. Adecco, Holcim et Saurer ne nous ont pas renvoyé le questionnaire sur l’égalité mais ont expliqué pourquoi. Bâloise, Nestlé et SIG ne se sont pas données la peine d’expliquer pourquoi elles n’y répondaient pas.

Toujours dans la catégorie « leaders »mais moins bien notées, tant sur le point de la transparence que sur celui du respect des règles de bonne gouvernance, on trouve : ABB, Ciba, Rentenanstalt, Sulzer et Syngenta. ABB avait reçu la meilleure note de notre part concernant l’analyse de son rapport de durabilité mais n’avait pas daigné nous donner la moindre réponse à la suite de l’envoi de notre questionnaire sur l’égalité des chances, de même que Syngenta. Ciba, Sulzer, et Syngenta avaient circonstancié leur refus de remplir le questionnaire. Rentenanstalt n’a pas répondu à notre enquête sur les critères d’investissement des sociétés d’assurance suisses.

Converium et Givaudan figurent parmi les « secret implementers », c’est-à-dire des entreprises qui mettent en place des mesures de bonne gouvernance sans le faire savoir. Givaudan a joué le jeu de la transparence en matière environnementale en publiant un rapport environnemental en 2001. Converium n’investit pas sa fortune selon des critères environnementaux et sociaux.

Parmi les windows dressers (bonne transparence mais pratique de la bonne gouvernance à améliorer), on relève : Schindler, Serono (très près des leaders), Nationale Suisse et Richemont. Schindler, à la suite de notre demande de publication d’un rapport environnemental, a amélioré les informations concernant ce domaine mais n’a pas encore fait paraître de rapport en tant que tel. La situation est identique chez Serono. Schindler et Richemont avait expliqué pourquoi elles ne souhaitaient pas répondre aux questionnaires sur l’égalité. Nationale Suisse n’a pas répondu à l’enquête sur les critères d’investissement.

Enfin parmi les « laggards » (retardataires), on trouve Bobst, Helvetia Patria, Sika, SGS et Swatch. Bobst s’est lancée dans la publication de rapports à caractère social et environnemental et Helvetia Patria dans celle d’un rapport environnemental, tous deux suite à notre demande. Sika avait répondu à notre questionnaire sur l’égalité des chances. Swatch nous avait spontanément dit qu’elle ne souhaitait pas perdre de temps à répondre aux demandes des actionnaires. SGS n’avait pas pris la peine de nous dire pourquoi elle refusait de nous renvoyer le questionnaire. Helvetia Patria n’a pas de critères de durabilité pour ses investissements.

Les entreprises qui sont les plus transparentes sur les aspects de gouvernement d’entreprise et qui ont une pratique respectueuse de ces directives, sont celles qui communiquent le mieux sur les aspects environnementaux et sociaux (Credit Suisse Group, Swiss Re, UBS). Les études manquent pour affirmer si ce sont également elles qui respectent le plus l’environnement et le « sociétal ». On remarquera également que des entreprises qui prennent la peine de rédiger des rapports de durabilité ne prennent pas forcément au sérieux les petits actionnaires et leur demande sociale (ABB, Bâloise, Nestlé). Les entreprises n’ont pas forcément de lignes directrices concernant le rapport aux petits actionnaires ou celles-ci évoluent (ex. Clariant). Des entreprises qui font des efforts sur leur communication sociale et environnementale répondent pourtant moins bien aux aspects de gouvernements d’entreprise (Bobst, Helvetia Patria, Sika).

Il s’agit maintenant de franchir un pas de plus et que les différents parties prenantes des entreprises fassent leur propre évaluation sociale et environnementale à mettre en comparaison avec les informations transmises aux entreprises.

Classement d’Ethos:

Le classement a retenu deux critères - le respect de la « Directive SWX concernant les informations relatives au Corporate Governance », directive émise par la bourse suisse en 2002 et qui permet de voir dans quelle mesure les entreprises pratiquent la transparence; les règles de bonne pratique en matière de gouvernement d’entreprise d’Ethos (fondées sur les principaux codes internationaux en la matière ainsi que le « code de bonne pratique pour le gouvernement d’entreprise » publié en 2002 par economiesuisse). Ethos a retenu quatre catégories selon leur degrés de transparence et leur niveau de bonne pratique (ou bonne gouvernance): les « leaders » (transparence et bonne pratique élevée), les « secret implementers » (peu de transparence mais bonne pratique), les « window dressers » (de la transparence mais peu de bonne pratique) et les « laggards » (« en retard », pratiquement ni l’une, ni l’autre).

La sélection d’ACTARES

Rappelons qu’ACTARES s’est pour le moment attachée:

À demander la publication de rapports environnemental ou social à une dizaine d’entreprises.

À analyser six rapports qui ont paru sur ces aspects, dits « rapports de durabilité » et à les classer selon leur capacité à répondre aux critères de la Global Reporting Initiative.

À demander à 30 entreprises quelle était leur pratique en matière d’égalité entre femmes et hommes.

À demander aux sociétés d’assurance si des critères de durabilité entraient dans leur manière de sélectionner leurs investissements.