Intervention d'Actares à l'AG de Nestlé

Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs,

Je m’appelle Claire Forel et je m’adresse à vous en mon nom propre et au nom d’Actares « Actionnariat pour une économie plus responsable ». Comme son nom l’indique, cette association regroupe des actionnaires soucieux de la bonne réputation de l’entreprise dans laquelle ils ont investi. Nous avons déjà interrogé la direction de Nestlé sur ses principes et sur ses valeurs. Aujourd’hui nous revenons à celles-ci Nous nous préoccupons, entre autres, de l’honnêteté des déclarations qui sont faites par Nestlé.

Je vais commencer par la question de l’eau, mais sans revenir sur sa ou ses qualités, Ethos s’en est chargé dans son communiqué de presse. Non, je m’intéresse plutôt au contenant. S’il ne fait aucun doute que Nestlé a beaucoup travaillé la question des emballages de ses produits, on peut se poser des questions concernant le plastique, ce fléau des temps modernes. Premièrement, on peut se demander s’il est vraiment adéquat de faire voyager de l’eau en bouteille, comme de la Perrier ou de la San Pellegrino, sur d’autres continents. Dans le rapport, il est fait état de 86,4 % d’emballages conçus pour être recyclés. Mais qu’en est-il du recyclage effectif ? La filière de recyclage des capsules Nespresso s'est développée avec succès à partir des années 90 et pourrait servir de modèle. Ma première question est : Une initiative de récupération, voire de réutilisation des bouteilles en plastique ne pourrait-elle être envisagée ?

Pour ce qui concerne le café, une autre initiative semblait prometteuse : celle du Plan Nescafé. Nestlé promettait de meilleurs revenus aux caféiculteurs participant à son programme « 100% approvisionnement responsable ». Selon les informations de Public Eye, c’est ce à quoi a cru un producteur mexicain, Edouardo Camarena. Il n’a pas hésité à participer à un clip publicitaire dans lequel il annonçait fièrement que d’adhérer à ce programme était « la meilleure décision de sa vie. » Quelques mois plus tard, il apparaissait cependant en tête des cortèges dénonçant « l’appauvrissement du [sa région du Mexique le] Chiapas, par Nestlé ». Le problème de la rétribution des fournisseurs de café était tel que des pétitions ont circulé amenant finalement notre entreprise à augmenter légèrement les prix. Deuxième question : Nestlé a-t-il des marges si serrées que l’intitulé « 100% approvisionnement responsable » semble n’être qu’un slogan publicitaire vide de sens?

Nestlé se réjouit de jouer un rôle majeur dans l’alimentation de ses consommateurs, et ce depuis la plus tendre enfance. Nous ne pouvons que nous réjouir de ce que, dans notre pays au moins, Nestlé a décidé de maintenant l’indication du nutriscore sur ses produits, contrairement à de gros distributeurs. L’année dernière nous vous avions interpellés sur le scandale du sucre ajouté dans les produits pour bébés destinés aux pays du sud. Cette révélation avait amené l’Inde à réagir en lançant une enquête. Nestlé a alors introduit dans ce pays des alternatives sans sucres ajoutés. M. Freixe, dans votre aimable réponse à la lettre que nous vous avions envoyée pour établir une première prise de contact, vous nous assurez garantir « aux parents le choix de produits avec ou sans sucre ». Notre troisième question sera alors : les produits sans sucres ajoutés étant généralement plus chers que les autres, comme le souligne Foodwatch, les parents des pays du Sud ont-ils véritablement le choix de nourrir sainement leurs enfants s’ils adoptent vos produits ?

Enfin, pour ce qui est de nos votes, nous regrettons, comme l’année dernière, que le vote sur le rapport non-financier ne soit pas contraignant. Nous ne soutiendrons pas non plus l’élection de M. Freixe au Conseil d’administration puisque les lignes directrices d’Actares refusent que les membres du Comité Exécutif siègent au Conseil d’administration.

Je vous remercie de votre attention.

(Intervenante: Claire Forel, Groupe de travail Nestlé)