Intervention d’Actares à l’AG de Nestlé 2024

Je m’appelle Claire Forel et je parle ici au nom d’Actares, actionnariat pour une économie plus responsable. Nous ne manquons pas de nous réjouir de toutes les initiatives de Nestlé pour améliorer ses produits, ses emballages, le mode de productions des matières premières, de même que ses actions caritatives. Tous les efforts accomplis pour améliorer une conduite saine et responsable de l’entreprise aussi bien éthiquement que durablement sont à souligner.

Cependant, il faut faire encore mieux, beaucoup mieux. Le sens des responsabilités et la législation le demandent : je me réfère à la Directive européenne sur le devoir de vigilance des entreprises en matière de durabilité(CSDDD) de mars dernier ou en Suisse l’Initiative pour des entreprises responsables. A ce propos on ne peut que déplorer que le rapport de durabilité sur lequel nous devrons nous prononcer ne soit que consultatif. Tout montre qu’il est toujours plus important de s’attaquer aux problèmes qui subsistent et à propos desquels Actares vous a interpelés par le passé.

Il est très étonnant que la Direction générale ne sache pas mieux ce qui se passe dans ses usines. L’hygiène déplorable des usines Buitoni à Caudry semble avoir amené une catastrophe sanitaire. La justice tranchera. Mais des manquements aussi graves dans les processus de production de ce qui est le fonds de commerce de Nestlé, à savoir la nourriture, sont inquiétants.

C’est une situation bien différente pour ce qui concerne un récent scandale : Nestlé Waters vendait une eau minérale dite naturelle alors qu’elle avait été traitée. Là encore plainte a été déposée, par Foodwatch en France. De plus les autorités françaises préconisent la mise en place d’un plan de surveillance renforcé. Le dégât de réputation est désormais bien réel. Nous nous inquiétons de ce qu’il s’agit cette fois d’une violation délibérée et connue de la direction, tant pour ce qui concerne les marques françaises que pour les marques suisses. Aucun mea culpa ne peut réparer le dégât d’image. Ce sont peut-être les prémisses d’un effondrement de la réputation (voir la presse suisse récente) qui pourrait s’avérer fatal.

Enfin, un rapport de Public Eye sorti hier montre que Nestlé continue à ajouter du sucre dans quelques-unes de ses principales marques de céréales infantiles et de laits de croissance , en dépit des recommandations de l’OMS et surtout de ses propres conseils d’éviter les aliments pour bébés qui contiennent du sucre ajouté.

L’application de ces bonnes résolutions semble être différenciée selon le marché visé. En Suisse, les principales marques de céréales infantiles et de laits de croissance vendues par Nestlé sont exemptes de sucre ajouté. Mais dans les pays à plus faibles revenus Nestlé continue d’ajouter, là aussi en toute connaissance de cause, des quantités élevées de sucre à certains de ses produits les plus populaires. Aux Philippines des céréales destinées à des bébés de six mois contiennent près de deux carrés de sucre par portion. En Amérique centrale les laits de croissance pour des bambins d’un an vendus contiennent une valeur de près d’un carré et demi de sucre par portion.

On peut comprendre qu’une entreprise alimentaire s’adapte aux goûts de ses consommateurs, mais quand la santé est en jeu, surtout celle d’enfants, cela devient inacceptable. Il va donc de soi qu'Actares soutient la résolution des actionnaires au point 7 de l’ordre du jour concernant la vente d’aliments plus sains.

L’année passée nous vous avions interrogé sur les principes qui guident l’entreprise. Cette année nous revenons à ces valeurs qui sont affichées mais semblent être bafouées :

Qu’envisage la direction de Nestlé pour assurer la fiabilité de ses produits, l’honnêteté de ses déclarations sur les produits qu’elle met sur le marché et sa préoccupation à construire un monde meilleur ?

(Intervenante: Claire Forel, responsable du groupe de travail Nestlé)